Il me faisait de l’oeil depuis un moment ce musée de la BD. Bizarrement, depuis que l’on s’est installés à Bruxelles, on a visité les villes les plus improbables de la Belgique et parfois même de l’Allemagne ou de la Hollande, mais Bruxelles ne reste que très superficiellement explorée.
Ce week-end, je me suis dit qu’il était temps que l’on parcourt les 800 mètres (oui, tu peux me juger) qui nous sépare de ce musée et que l’on découvre enfin ce qui se cache à l’intérieur.
Informations pratiques
Centre Belge de la bande dessinée
Rue des Sables, 20 – 1000 Bruxelles
Ouverture : du mardi au dimanche de 10h à 18h
Les tarifs des entrées individuelles sont de :
10€ – adulte (26-64 ans) | 7€ – jeune (12-25 ans) | 8€ – sénior ( + de 65 ans) | 3,5€ – enfant (- de 12 ans)
Il existe également des formules abonnements à l’année. Les réservations sont possibles, recommandées (et obligatoires pour les groupes en août 2020) sur la page dédiée du site.
Covid-19 : La liste des conditions d’accès et des normes mises en place pour assurer la sécurité du personnel et des visiteurs est également disponible sur le site.
Une promenade architecturale dans un temple de l’Art Nouveau
C’est moche. Tu pensais que j’allais te parler de Boule et Bill et je suis là, à t’enquiquiner avec un vieux courant architectural obscur. Mais, si je garde une impression aussi positive de ce musée, c’est aussi parce que le lieu qui l’abrite est remarquable. Chef d’oeuvre de l’Art Nouveau, c’est le dernier bâtiment semi industriel qui demeure parmi ceux imaginés par Victor Horta.
La façade, avec ses pierres blanches, ses immenses fenêtres et son rez-de-chaussée protégé par des grilles en fer forgé, s’ouvre sur un hall baigné de lumière au milieu duquel se dresse un grand réverbère en fer et en granit.
Au sol, de petits carrés en marbre forment une mosaïque dont les motifs et les couleurs se retrouvent sur les vitraux.
Au fond, un escalier en pierre, dont les rampes forment de sinueuses courbes et contre-courbes, se dresse comme une invitation à rejoindre l’étage supérieur.
Au deuxième étage, deux vastes coupoles en verre inondent de lumière l’espace organisé autour d’une structure métallique apparente.
On découvrira, au cours de la visite, que ce bâtiment avait été conçu à l’origine pour abriter les grands magasins du grossiste en textile Charles Waucquez au début du 20ème siècle.
Chaque détail, chaque ligne, chaque courbe a été étudié minutieusement et c’est au sein de ce décor atypique que s’organise les différentes expositions autour de la Bande dessinée.
Si le roman de Zola « Au bonheur des Dames » a été publié des années avant la construction des magasins Waucquez, certains n’ont pas manqué de noter les similitudes qui existent entre la description des Grands Magasins et l’oeuvre de Victor Horta.
« Puis, arrivée à la grande galerie, elle leva les yeux. C’était comme une nef de gare, entourée par les rampes des deux étages, coupée d’escaliers suspendus, traversée de ponts volants.
Les escaliers de fer, à double révolution, développaient des courbes hardies, multipliaient les paliers ; les ponts de fer, jetés sur le vide, filaient droit, très haut ; et tout ce fer mettait là, sous la lumière blanche des vitrages, une architecture légère, une dentelle compliquée où passait le jour, la réalisation moderne d’un palais du rêve, d’une Babel entassant des étages, élargissant des salles, ouvrant des échappées sur d’autres étages et d’autres salles, à l’infini. »
Emile Zola, « Au bonheur des Dames »
L’exposition permanente
L’exposition permanente s’organise le long d’un parcours balisé (par des petits pas colorés) en plusieurs étapes.
La première étape permet de découvrir les origines de la BD, ses précurseurs et un peu de son histoire.
La visite continue avec un espace dédié au processus de création de la BD. J’ai adoré cette partie de la visite parce que j’ai eu la sensation de pénétrer un peu dans les coulisses de la BD.
Pas à pas, on y découvre l’art du scénario, du crayonné, de l’encrage, du coloriage, du numérique mais aussi de la couverture et de l’édition. Chaque étape est illustrée par des travaux d’auteurs (synopsis, storyboard, esquisse…).
On y apprend énormément (en tout cas quand on est complètement novice) et on en prend plein les yeux.
Un peu plus loin, l’expo nous invite à parcourir les différents genres de la BD. On y découvre la BD sous toutes ses formes et pour tous les goûts : de la BD expressionniste à l’héroïc-fantasy, en passant par la science-fiction ou l’aventure.
Le parcours balisé nous conduit un peu plus haut à l’espace Hergé. Même si certains volumes de la série alimentent clairement les stéréotypes et les polémiques, difficile de ne pas y trouver sa madeleine de Proust.
Quelques reproductions d’éléments très familiers à l’univers de Tintin m’arrachent de grands sourires : le fétiche Arumbaya à l’oreille cassée, le sceptre d’Ottokar, Milou dans sa combinaison orange d’astronaute… J’ai de nouveau 8 ans et demi et je me mets à fredonner le générique de son adaptation en dessin animé.
L’espace dédié à Hergé n’est pas très grand, mais s’il te laisse sur ta faim, tout un musée consacré à l’auteur se trouve à Louvain-la-neuve. Les deux musées ne proposent, selon moi, pas du tout le même type d’ambiance et d’expérience même s’ils sont souvent cités ensemble. Ne vous attendez pas à visiter une sorte d’extension du musée de la BD. Le musée Hergé a une identité qui lui est bien propre. Et il vaut le détour !
Un peu plus loin, mon coeur chavire dans l’espace dédié à Peyo. C’est tous les stocks de Commercy qui se planquent à l’intérieur de ce musée et me ramènent 25 ans plus tôt, à l’intérieur de ma petite bibliothèque de quartier où, penchée au dessus d’un grand bac à album, j’examine l’un après l’autre chaque ouvrage à la recherche d’un numéro des Schtroumpfs que je n’aurais pas déjà lu 10 fois.
Les expositions temporaires
Boule et Bill – 60 ans de bonheur au quotidien
Cette belle rétrospective nous replonge dans l’univers tendre et récréatif de ce duo inséparable imaginé par Roba en 1959.
La mythique 2cv rouge de la famille est exposée dans le hall principal du musée.
Impossible de la manquer !
C’est très réconfortant de replonger dans des univers qui nous sont si familiers. Ce qui l’est moins, c’est de réaliser que tes souvenirs sont déjà consultables dans un musée. #dinosaure
Juanjo Guarnido – Secret d’atelier d’un maestro
Il y a des choses, parfois, quand tu les découvres tu te demandes juste comment t’as pu passer à côté tout ce temps. L’univers de Guarnido en fait partie.
J’imagine que ça peut s’expliquer par le fait que je ne suis pas méga fan des ambiances policières un peu sombre des années 50 et que je ne m’intéresse pas plus que ça au monde de la BD. Ce qui n’aide pas, tu me diras !
Mais cette partie de la visite du musée de la BD a été un vrai coup de coeur esthétique. Certains dessins occupaient des pans entiers de murs. On avait l’impression qu’on pouvait y plonger.
Il faut vraiment y aller. T’as jusqu’au 8 novembre.
Je peux pas te le dire autrement.
Pico Bogue en Famille
On a terminé la visite avec cette troisième exposition temporaire pour laquelle j’ai eu un vrai coup de coeur aussi bien esthétique que narratif.
« Pico Bogue est un petit garçon espiègle qui, comme sa petite soeur Ana Ana, sait jouer de son sens de la répartie pour tenter d’avoir le dernier mot et souligner les contradictions du monde adulte. »
Mélanie Andrieu, avec la complicité de Dominique Roques et d’Alexis Dormal
S’il y a bien une BD que j’ai eu envie d’acheter en sortant, ça a été celle là.
Bilan de la visite
Pas besoin de t’en faire un dessin, j’ai vraiment adoré ce musée.
Je pense que j’avais le profil idéal pour l’apprécier parce que :
- J’aime les histoires ;
- J’aime le dessin ;
- J’ai été une lectrice de BD ;
- Je ne connais rien sur le sujet.
Si tu remplis au moins 1 de ces critères y’a aucune chance pour que tu ressortes de ce musée en étant déçu.
J’ai constaté que souvent, les critiques les plus négatives provenaient de personnes qui se présentaient comme étant des fans de BD. Mais je peine malgré tout à croire que ce lieu puisse décevoir en tout point même si on connait bien le sujet.
Les ressources à disposition sur le travail des auteurs et des dessinateurs est extrêmement inspirant. Et quelle bonne idée de lui avoir offert ce lieu si atypique.
Voilà pour ma visite du musée de la BD ! Je ne manquerai surement pas d’y retourner pour découvrir les prochaines expositions temporaires.
Et je vous encourage vraiment à l’intégrer à votre visite de Bruxelles.
À bientôt !
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